Un regard authentique, lucide et singulier sur les injustices...

Extrait de mon dernier livre : Ma bouteille à la mer des injustices, qui vient de paraître...

Chapitre 4 - La sagesse du juste, face aux injustices… (extrait)

 Voici, en préambule, les cinq citations que j’ai choisies pour étayer le présent chapitre :  

 « Supportez l'injustice qui vous frappera, et n'oubliez jamais qu'elle ne vous dispense pas d'être juste envers les autres. » Pigault-Lebrun - La folie espagnole (1799)

 « L'esprit ne peut être juste, si le cœur n'est droit. » Jean-Jacques de Lingrée - Les réflexions, pensées et maximes (1814)

 « Appliquez-vous à garder en toute chose le juste milieu. » Confucius - Les entretiens - VIe s. av. J.-C.

 « Des lois sont justes, non quand elles sont observées par tous, mais quand elles ont été faites pour tous. » Sénèque - Lettre à Lucilius - env. 64 ap. J.-C.

 « Celui qui se soumet aux lois est juste, et celui qui les enfreint est injuste. » Adolphe d'Houdetot - Dix épines pour une fleur (1853)

 Qu’est-ce qu’un juste ?

 Il y en a eu de célèbres dans l’histoire, notamment en temps de guerre, qui ont épargné de nombreuses vies humaines. Mais pas si nombreux que cela, comparativement à cette cruauté aux facettes multiples, visibles ou sournoises, transportée à travers les siècles.

 La première réponse qui m’est venue à l’esprit a été : une créature céleste.

 Qui sont, aujourd’hui, ces hommes et ces femmes qui « méritent » tous ces qualificatifs ou la plupart d’entre eux :

 -       Intègre, loyal, honnête, impartial, consciencieux, rationnel, authentique, intelligent, logique, pertinent, précis, bon, solidaire, sensible, empathique, unique…

 Ceux qui réunissent ces valeurs ne peuvent être que des sages parmi les sages, en parfaite écoute de leurs voix intérieures, mais aussi en paix avec eux-mêmes et avec les autres.

 Le juste se soumet aux lois, comme l’a écrit Adolphe d'Houdetot.

 Mais les lois sont-elles justes ? Au demeurant oui, car elles sont en principe faites pour tous (cf. la citation de Sénèque).

 Le juste, retenu pour exemple dans ce chapitre, n’est pas un sage proprement dit, mais un homme ou une femme au grand cœur, qui ne se dispense pas d’être juste avec les autres, malgré les injustices qui le frappent (cf. la citation de Pigault-Lebrun).  

 Le juste ne rend jamais à César ce qui appartient à César, si ce qui appartient à César est illicite ou injuste à ses yeux.

 C’est par sa singularité qu’il se distingue des autres. Alors que certains abritent leurs agissements derrière les pratiques courantes, licites ou illicites, le juste, lui, ne franchit jamais la ligne rouge.

 Je me rappelle ce dirigeant qui m’a demandé de faire émarger, par mes équipes, des feuilles de présence à des formations qui ne se sont jamais tenues, afin que la société perçoive des subventions, en me soutenant que c’était pratique courante.

 Il a essuyé un refus catégorique de ma part et m’en a voulu jusqu’à mon départ forcé.   

 Agir avec justesse, dans un monde où les injustices s’en donnent à cœur joie, est un acte éminemment courageux qui précipite malheureusement trop souvent vers la porte, lorsqu’il s’opère en milieu professionnel.

 En analysant l’exemple ci-dessus, je me suis rendu compte de ambiguïté à être juste. En agissant comme je l’ai fait, j’ai incontestablement servi une autre société qui aurait pu être privée de subventions, alors qu’elle se serait strictement conformée à la loi. Mais j’ai aussi desservi la société qui m’employait et qui aurait pu utiliser les subventions pour des actions pouvant être profitables à toute l’équipe.

 Pour reprendre la citation de Confucius : « Appliquez-vous à garder en toute chose le juste milieu. », le juste doit s’efforcer de peser le pour et le contre, sans commettre un délit d’injustice ou d’absence de justesse.

 Autre paradoxe comportemental, le juste ne peut pas s’ériger en « justicier ». Sinon, il empiète sur la justice dont c’est le rôle. Pourtant, sa conscience lui interdit d’être aveugle aux comportements injustes.

 C’est là que la sagesse du juste va s’exprimer dans tout le discernement qui l’accompagne.

 Son cœur et sa raison vont le guider vers les meilleures décisions à prendre et les meilleurs arbitrages à faire.

 Durer en tant que juste, avec tous les risques que cela comporte ou se protéger, en pactisant avec ceux qui ne voient pas d’injustices dans ce qu’ils font, parce que le monde est structurellement injuste et que la justice est censée être là pour corriger les déviances ?

 En revanche, le juste ne s’illustre pas par son absolue conformité à la loi. Il sait pertinemment que toutes les lois ne sont pas appliquées avec justesse et que l’Homme prend un malin plaisir à les contourner, dans un jeu du chat et de la souris ou du pas vu pas pris, qui peut s’avérer périlleux.

 Il fait généralement ce qui semble juste à ses yeux, en fonction des personnes et des situations auxquelles il a à faire face. Il est en quelque sorte un régulateur du processus justice vs injustices.

 En homme ou femme de cœur, il lui arrive souvent de faire passer la générosité, sans calcul, avant la raison. Il n’est pas à l’abri d’erreurs d’appréciation, mais il sait combien elles sont apprenantes et incontournables, sur le chemin de la sagesse...

Patrick Louis Richard

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